Par Jean-marie Kalombo
Pour l’activiste des droits de l’homme Palmer Kabeya, le bilan de Félix Tshisekedi après près de six années au pouvoir demeure largement insuffisant pour concrétiser le slogan « le peuple d’abord », qui avait suscité tant d’espoir en 2018.
Malgré les attentes légitimes de la population, les problèmes sociaux accablants continuent de frustrer l’opinion publique. Palmer Kabeya estime que les promesses électorales de Félix Tshisekedi, portées avec ferveur lors de sa campagne et des élections de décembre 2023, n’ont été qu’un écran de fumée. « Ces belles paroles n’ont rien changé dans la vie quotidienne des Congolais », déclare-t-il. L’activiste s’interroge : les nombreux discours du Président traduisent-ils un mea culpa déguisé ou l’aveu d’un échec patent du slogan « le peuple d’abord » ?
Un bilan social inquiétant
Palmer Kabeya met en lumière plusieurs maux sociaux persistants, exacerbés par des promesses non tenues :
La prolifération des Kuluna (gangs de rue) dans Kinshasa, symbole de la désespérance d’une jeunesse laissée-pour-compte, faute d’emplois ou de perspectives économiques.
La précarité énergétique, avec des coupures fréquentes d’électricité et un accès limité à l’eau potable dans plusieurs régions du pays.
La surpopulation urbaine, qui s’aggrave en l’absence de politiques de développement durable et d’aménagement du territoire.
Le manque criant d’infrastructures routières, particulièrement visible dans la capitale Kinshasa, où la misère et le chaos routier sont devenus le quotidien des habitants.
Kabeya critique également l’approche punitive du gouvernement face aux Kuluna, en particulier l’annonce controversée du Ministre de la Justice, Constant Mutamba, sur l’exécution des détenus. « Punir les symptômes ne résoudra pas les causes profondes de la violence urbaine. Dans un contexte marqué par la misère et l’absence de solutions structurelles, de telles mesures sont inappropriées et inefficaces », affirme-t-il.
Une promesse d’« Allemagne d’Afrique » non tenue
Revenant sur les ambitions initiales de Félix Tshisekedi, Palmer Kabeya rappelle le programme de campagne de 2018 intitulé « Vaincre la pauvreté ». À ce jour, cet objectif semble loin d’être atteint. « Peut-on affirmer que la pauvreté est vaincue ? Où est cette « Allemagne d’Afrique » qu’il avait promise aux Congolais ? », questionne l’activiste.
Pour lui, les faits parlent d’eux-mêmes : « Le quotidien des Congolais est marqué par une détérioration continue de leurs conditions de vie. Les inégalités se creusent, et les espoirs soulevés par l’alternance démocratique de 2018 s’effondrent face à la réalité d’une gouvernance chaotique. »
« Ce n’est pas en deux ans que Félix Tshisekedi redressera la barre »
Selon Palmer Kabeya, les espoirs d’un redressement rapide sont illusoires. « La vérité, c’est que Félix Tshisekedi a lamentablement échoué. Il a déjà consommé une grande partie de son second mandat sans accomplir de réalisations significatives, à part des débats inutiles sur la révision de la Constitution. S’il n’a rien produit durant tout ce temps, ce n’est certainement pas en un ou deux ans qu’il redressera la barre. Quel projet sérieux peut être mené à terme en si peu de temps ? », martèle-t-il.
Pour lui, le pays s’enfonce davantage dans la crise. « La gouvernance de Tshisekedi est une catastrophe. Le président en est lui-même conscient, mais continue à vendre des illusions. »
« Tous les programmes présidentiels ont échoué »
Palmer Kabeya rejette également l’argument souvent avancé par les partisans du Président, selon lequel les échecs de son mandat seraient dus à des interférences extérieures ou à des blocages institutionnels. « Ce discours de victimisation est irresponsable et lâche », tranche-t-il.
En tant que Chef de l’État et commandant en chef des armées, Félix Tshisekedi porte la responsabilité de ses échecs. « Tous les programmes qu’il a initiés, de la lutte contre la pauvreté à la réforme de la justice en passant par la création d’emplois, se sont soldés par des fiascos. Ces échecs ne lui permettent pas de quitter le pouvoir comme si de rien n’était. Le peuple congolais attend des comptes. »