
Par Josué Lelo
La théorie de l’Etat de droit en République démocratique du Congo tend à devenir un terme creux, craignent plusieurs activistes des droits de l’Homme et observateurs. La population qui survit presque, constate chaque jour que les tares décriées hier ont toujours la peau dure.
L’injustice, la répression, la traque des opposants, la corruption, la répartition inégale des richesses, le chômage, etc. ont du mal à disparaitre. Les espoirs suscités à l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi disparaissent petit à petit, disent beaucoup de Congolais que nous avons interviewé.
La réalité sur terrain, couplée aux différents rapports des institutions internationales, notamment l’Organisation des Nations-Unies (ONU), le Bureau conjoint des Nations-Unies des droits de l’homme (BCNUDH) et l’Union Européenne (UE), retracent encore mieux ce tableau sombre du point de vue respect des Droits de l’homme et liberté d’exprimer son opinion sur la marche de la république.
Des faits !
Samedi 20 mai 2023, l’opposition organise une marche pacifique. La marche est réprimée par les éléments de la police dépêchés sur place pour encadrer la manifestation. Les vidéos en circulation montrent des éléments de la police tabasser les manifestants, pourtant sans défense.
72 heures plus tard, l’un des leaders de l’opposition, Moise Katumbi, est interdit de séjourner dans la province du Kongo Central. La tribune érigée à Mbanza Ngungu, une cité de cette province, où le président national de Ensemble pour la république devrait tenir son meeting est littéralement détruite sur ordre des autorités provinciales.
Un autre fait, Matata Ponyo, ancien premier ministre et président national du parti politique LGD est interdit de tenir une conférence avec ses militants à Kenge, dans la province du Kwango. La police lui interdit même l’accès dans la salle alors que les militants y étaient déjà.
Et cerise sur le gâteau, toutes les manifestations publiques dans la province du Kwango ont été interdites, comme par une baguette magique, alors que Moise Katumbi et Augustin Matata ont programmé un voyage dans ce coin de la république. Cette mesure prive ainsi à Moise Katumbi qui comptait s’y rendre ainsi que qu’à Matata Ponyo la possibilité de tout rassemblement avec leurs militants.
Le sit-in de l’opposition jeudi 25 mai 2023 au siège de la commission électorale nationale indépendante a connu le même sort. Même si dans un communiqué, la hiérarchie de la police se vante du bilan : zéro mort. Pourtant les vidéos montrent les manifestants en train d’être bastonnés. C’est le cas de Franklin Tshiamala, secrétaire général de LGD, qui a eu la vie sauve simplement parce qu’il a réussi à s’échapper et fuir.
La réalité sur terrain
Peut-on dire que l’espoir tant suscité le 24 janvier 2019 lors de l’investiture de Fatshi, n’était que mirage ? Parce qu’aujourd’hui, des membres de la Société civile dans son ensemble, des opposants politiques, y compris toute personne qui donne un point de vue qui n’épouse pas les idéaux du parti au pouvoir, risquent gros.
La roue tourne et les années passent, la population congolaise ne se retrouve toujours pas jusqu’au moment où ils ont crié à la délivrance et les remontées fortes de l’état congolais vers une autre dimension. Beaucoup de promesses mais peu de réalisation, qui occasionne également quelques doutes dans la tête de la population qui attendent beaucoup de ce régime.
Aujourd’hui on y va des grèves en grève dans plusieurs établissements tel que les universités publiques où les professeurs réclament la concrétisation des promesses, des étudiants qui réclament à leur tour la hausse de frais académiques, les chauffeurs des taxis et bus dénoncent les tracasseries routières ainsi que dans plusieurs entreprises publiques.
Qu’à cela ne tienne, la presse va continuer à faire son travail de dénoncer toutes ces dérives afin que la population congolaise vive dans la paix, la justice et la tolérance.