
À la Conférence de sécurité de Munich, où il séjourne depuis plusieurs jours, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a frappé fort. Dans une déclaration au ton particulièrement offensif, il a ce vendredi 14 février accusé son prédécesseur, Joseph Kabila, d’être le véritable commanditaire de la rébellion du M23, qu’il aurait orchestrée en complicité avec le Rwanda.
Le chef de l’État congolais a pris de court l’audience internationale en mettant directement en cause l’ancien président, qu’il considère comme l’ombre derrière la résurgence du M23.
« Le véritable commanditaire de cette opposition armée qui agit en complicité avec le Rwanda se cache. Et ce commanditaire, c’est mon prédécesseur, Joseph Kabila. Mais il ne l’avoue pas et n’assume pas ses actes», a déclaré Félix Tshisekedi.
Face à l’inaction persistante de la communauté internationale, le président congolais a lancé un appel aux sanctions contre Kigali, tout en réaffirmant sa volonté de restaurer l’intégrité territoriale du pays.
« Nous avons l’obligation de relever ce défi. Nous sommes déterminés à récupérer l’intégrité de notre territoire et nous y parviendrons. La communauté internationale a soutenu et aidé le Rwanda à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il lui incombe donc d’agir pour éviter l’extension du conflit dans la région. Mais nous n’allons pas rester passifs. Nous prendrons nos responsabilités », a-t-il martelé.
Le camp Kabila contre-attaque
Les accusations de Félix Tshisekedi n’ont pas tardé à susciter une riposte du clan Kabila. Barbara Nzimbi, conseillère en communication de l’ancien président, a dénoncé une manœuvre de diversion de la part du chef de l’État congolais.
« Le président Tshisekedi est plongé dans un profond déni, voyant l’ombre de Joseph Kabila partout. C’est une perte de temps et d’énergie pour lui, son gouvernement et nos vaillants FARDC qui se battent au péril de leur vie. Malheureusement, la première victime de ce déni est le peuple congolais. Celui qui est censé garantir sa sécurité se refuse à voir la réalité, préférant chercher des boucs émissaires au lieu d’apporter des solutions concrètes aux défis qui plongent le pays dans un chaos sans précédent », a-t-elle réagi.
Pendant que les débats politiques s’intensifient, la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC continue de se détériorer. Ce vendredi 14 février, les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise selon les autorités congolaises, ont pris le contrôle de l’aéroport de Kavumu et progressent dangereusement vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.
Gilbert NM/Beto