
Par Élie Kibalubu
L’affaire des auteurs d’enlèvements à bord des taxis bus en 2020, refait surface après la réapparition mystérieuse de Naomie Lokondo. Après que sa forte présence sur les réseaux sociaux a choqué l’opinion congolaise, la toile continue de bouger.
Dans un communiqué relayé sur le compte tiktok de la tiktokeuse, son supposé avocat affirme que sa cliente aurait purgé sa peine et régularisé ses dettes envers la société. Selon lui, la vague de messages accusateurs diffusés en ligne constitue une atteinte grave à la dignité de sa cliente.
Condamnée en 2021 pour enlèvements, séquestrations et extorsions dans les taxis clandestins de Kinshasa, celle que l’on surnommait à l’époque « la dame des kidnappings » réapparaît aujourd’hui, libre, souriante, et active sur les réseaux sociaux.
Son visage, dévoilé sur TikTok, a ravivé la mémoire d’un dossier que beaucoup croyaient clos. Naomie Lokondo avait pourtant avoué publiquement ses crimes, décrivant comment son réseau piégeait des passagers innocents, les dépouillait de leurs biens et, dans certains cas, les rouait de coups. Ces images, diffusées à l’époque, avaient profondément choqué le pays.
Mais voilà, moins de quatre ans plus tard, elle réapparaît dans l’espace public, libre de ses mouvements. Pour les familles des victimes, cette liberté ressemble à une taloche, voire à une provocation. Et pour les observateurs, le silence de la justice congolaise dans ce dossier devient insoutenable, car elle a craché sur les familles des victimes.
Face à la montée de l’indignation, les Congolais réclament des explications officielles. Comment Naomie Lokondo a-t-elle été libérée ? A-t-elle bénéficié d’une grâce présidentielle, d’un appel, ou d’une libération conditionnelle ?
Ou bien s’agit-il d’une faute grave du système pénitentiaire ?
Le Ministère de la Justice est désormais sommé de communiquer pour préserver la crédibilité de l’État de droit. Le mutisme des autorités, dans un dossier aussi sensible, nourrit la suspicion, alimente les rumeurs et met à mal la confiance du peuple envers les institutions.
Depuis quelques jours, des rumeurs insistantes évoquent des protections politiques dont aurait bénéficié Naomie Lokondo. Certains parlent même d’accointances avec un haut responsable gouvernemental, hypothèse que la justice devra confirmer ou infirmer. Dans une République qui se veut transparente, le devoir de vérité devient une exigence.
Personne ne conteste à Naomie Lokondo le droit à la réinsertion, si sa peine a été légalement purgée. Mais ce droit ne saurait devenir un passeport pour l’impunité. Le peuple congolais, encore marqué par les violences et les traumatismes de ces crimes, a besoin de savoir si la loi a été respectée.
