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Son poème intitulé « Paix à ton âme, Madame Elombe (Qui gouverne la mort ? Dieu ou Satan) » s’élève comme une oraison poétique où se mêlent la douleur, la foi et la réflexion sur le mystère de la mort.

La composition, à la fois élégiaque et philosophique, s’ouvre sur une interrogation fondamentale :
 » Les voyelles de la mort ont rendu muet le son / De la vie. Ce son, pour toi, était pédagogique. « 
Ces vers initiaux traduisent la stupeur face à la disparition, mais aussi la reconnaissance envers celle qui, par son existence, enseignait la vie.

L’image de la mort qui efface une présence empreinte d’éthique renforce l’idée que le départ de Madame Elombe Bonette n’est pas une simple perte humaine, mais une rupture symbolique dans l’ordre moral et spirituel.
Fidèle à son style méditatif, Kibalubu interroge ensuite les fondements du destin :
 » Cet esprit, dont nul ne sait qui en est le maître : / Dieu ou Satan ? « 
Une question à la fois théologique et existentielle, que le poète pose avec humilité. Il y reconnaît le trouble de l’homme face à la frontière indéchiffrable entre le divin et l’inévitable.
Mais dans cette obscurité, le journaliste offre aussi une lumière : celle du souvenir, que symbolisent les rétines des écoliers où dansent les sourires de la disparue. Ainsi, la mémoire devient sanctuaire, et la poésie, un relais de l’immortalité.
La dernière strophe, d’une densité remarquable, ramène le lecteur à la condition humaine :
 » Ce n’est pas le corps qui trahit, mais le cœur, odieux / De la liberté charnelle, il décide du sort de l’âme. « 
Par cette chute, Kibalubu transcende la douleur pour méditer sur la responsabilité vitale du cœur qui est un lieu invisible où se joue, selon lui, la destinée (la vie et la mort).

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À travers ces adieux poétiques, Élie Kibalubu ne signe pas seulement une élégie funèbre ; il érige un monument littéraire à la mémoire d’une femme qui a marqué son époque par sa droiture et sa bienveillance. Son poème résonne comme une prière, une réflexion sur la mort, mais surtout comme une célébration de la vie qui continue, portée par le verbe et la mémoire.

Voici le poème :

Paix à ton âme, Madame Elombe

Les voyelles de la mort ont rendu muet le son
De la vie. Ce son, pour toi, fut pédagogique.
Le mal est venu, plus cruel dans sa façon,
Effaçant une présence empreinte d’éthique.

Cet esprit, dont nul ne sait qui en est le maître :
Dieu ou Satan ? T’a arrachée au vedettariat,
À ce monde où les images te font encore naître,
Car elles vivent, mais toi, l’on te voile sous le falbala.

Désormais, dans les rétines de ces écoliers,
Brille un miroir où dansent tes sourires.
Te voilà seule, dans les ténèbres des sentiers,
Partant aux bruits ultimes de nos souvenirs.

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Le temps n’a point d’associé, s’il passe même pour Dieu ;
À combien plus forte raison éterniserait-il l’homme ?
Ce n’est pas le corps qui trahit, mais le cœur, odieux
De la liberté charnelle, il décide du sort de l’âme.

Par Elie Kibalubu Ngawala

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