La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à une crise humanitaire et sociale complexe, exacerbée par des conflits armés à l’est du pays. En parallèle, une tragédie silencieuse frappe les Congolais d’origine rwandaise, notamment les Hutus et Tutsis, victimes de stigmatisation systémique et d’exclusion. Accusés à tort d’être complices des rebelles du M23, ces citoyens se retrouvent piégés dans un environnement hostile, où la suspicion les transforme en boucs émissaires d’une guerre qui dépasse leur contrôle.

Le spectre du M23 : Une accusation injuste et systématique

Depuis la résurgence des activités du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, les Congolais rwandophones, en particulier les BANYAMULENGE (Hutus et Tutsis congolais), font face à des accusations répétées d’intelligence avec l’ennemi. Ces soupçons infondés ont conduit à des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et des violences ciblées.

Des témoignages glaçants illustrent cette réalité :
• BARUME NABINTU Francine , nièce de Bertrand Bisimwa, chef du M23, a été accusée de collaboration avec les rebelles. Enlevée, violée et contrainte de fuir avec ses enfants, elle reste portée disparue à ce jour.
• Birindwa Bernard, arrêté sans preuve par les services secrets, a été stigmatisé simplement en raison de son origine rwandophone.
• Des personnalités comme Dorothée MWENDAMBALI, Runi Ganda François, et Ndayiruka Jules ont disparu depuis octobre 2023 après leur interpellation par les autorités congolaises.

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Ces exemples montrent que les Congolais d’origine rwandaise, malgré leur citoyenneté, sont souvent perçus comme des étrangers ou des infiltrés, et non comme des victimes d’une guerre qui les affecte directement.

Un peuple sans refuge : Ni Congolais, ni Rwandais

L’hostilité envers les Hutus et Tutsis congolais place ces communautés dans une situation intenable. Considérés comme des Congolais par le Rwanda, mais traités comme des Rwandais par certains Congolais, ils se retrouvent sans véritable appartenance. Comme l’explique un notable Banyamulenge, Birinama Mugisho Nicolas, « ces populations vivent dans une peur constante, rejetées des deux côtés de la frontière ».

Les Banyamulenge rappellent que leur présence en RDC est historique et légitime. Pourtant, leur identité est effacée, et leur rôle dans la lutte pour l’indépendance du Congo est oublié. Cette négation de leur histoire contribue à leur marginalisation, renforçant un sentiment d’abandon et d’insécurité.

Stigmatisation et violences : Une atteinte aux droits humains

Au-delà des accusations, les conséquences de cette stigmatisation sont dévastatrices :
• Arrestations arbitraires : Les Hutus et Tutsis congolais sont arrêtés sans preuves et détenus dans des conditions souvent inhumaines.
• Disparitions forcées : Plusieurs personnes interpellées n’ont jamais été revues, leurs familles restant sans nouvelles ni recours.
• Exclusion sociale : Les Rwandophones congolais vivent dans la peur permanente, méfiants envers leurs voisins et souvent contraints à l’exil.

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Cette situation, dénoncée par des figures comme le Professeur émérite Nyabirungu Mwene Songa, viole les principes fondamentaux des droits humains et la Constitution congolaise, qui garantit l’égalité entre tous les citoyens.

Un appel à l’action : Œuvrer pour la paix et la réconciliation

Face à ces injustices, plusieurs voix s’élèvent pour appeler les dirigeants congolais à prendre leurs responsabilités :
• Protéger les populations rwandophones : Il est impératif de garantir leur sécurité et de mettre fin aux amalgames dangereux qui les associent automatiquement au M23.
• Promouvoir la réconciliation nationale : Une solution durable au conflit passe par la reconnaissance et l’intégration de toutes les communautés, sans discrimination.
• Impliquer la communauté internationale : L’inaction face à cette crise pourrait conduire à des violations massives des droits humains, nécessitant une intervention urgente des Nations unies et d’autres acteurs internationaux.

Une situation critique : Ne pas oublier les Hutus et Tutsis congolais

Les récits de BARUME NABINTU Francine, de Birindwa Bernard, et de tant d’autres victimes doivent alerter l’opinion publique et les décideurs. Ces cas ne sont pas isolés : ils témoignent d’un problème systémique qui menace l’unité et la stabilité de la RDC.

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Comme le rappelle le Professeur Nyabirungu, « un État pacifique, juste et prospère est impossible sans la prise en compte de la population Hutu, partie intégrante de la Nation congolaise, et fière de l’être ». Il appartient aux autorités congolaises de prouver leur engagement envers cette vision, en assurant à tous les citoyens, quelle que soit leur origine, une égalité de traitement et de dignité.

Les Congolais d’origine rwandaise ne demandent rien d’autre que leur droit légitime à vivre en paix dans leur propre pays. La RDC ne peut prétendre à la réconciliation et au développement tant qu’une partie de sa population reste marginalisée et persécutée. Ce conflit appelle à une réponse urgente et responsable, car, comme l’histoire l’a montré, l’inaction face à l’injustice ne fait qu’alimenter la haine et la division.

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