
Dans une province conservatrice où le rôle de la femme reste réduit à la cuisine, une jeunesse s’est levée pour éduquer la population à considérer la femme et l’homme comme égaux. Découvrez tout dans cette interview de Ruphin Kalala le coordonnateur d’une structure des jeunes investis dans la production des films éducatifs.
Bonjour Monsieur Ruphin Kalala ! D’où vous est venue l’idée de vous lancer dans le cinéma éducatif au Kasaï-Oriental ?
Merci beaucoup pour la question mais aussi pour l’invitation ! Je suis Ruphin Kalala, coordonnateur de l’Association des Jeunes Intellectuels pour l’Emergence du Cinéma Éducatif au Kasaï (AJIECEK).
Pour me résumer, l’idée m’était venue d’une manière à la fois scientifique et spirituelle. Scientifique, parce que ce sont des notions apprises à l’université et spirituelle parce que c’était un message pour sensibiliser la jeunesse du Kasaï-Oriental à prendre conscience de la vie sur les aspects, social, éducatif et religieux.
Depuis quand existez-vous et combien de films avez-vous déjà produits ?
Nous existons depuis 2017. Nous avons déjà produit 13 films dont 11 court métrage et 2 long métrage.
Quel était votre premier film et c’était quoi son message principal ?
Notre premier film avait comme titre : « le défi de Selena ». Ce morceau avait un message de pousser les jeunes filles à étudier et affronter les filières dites difficiles ou celles réservées aux hommes. Nous disions aux filles qu’elles sont des êtres humains et elles ont les mêmes possibilités que les hommes. Personnellement je n’admets pas le concept de l’émancipation de la femme parce qu’il met déjà un distinguo entre l’homme et la femme à mon avis, cependant il faut considérer l’être humain comme égal peu importe son sexe.
Ce premier film était-il pour vous un succès ?
Parler du succès, je dois également parler des objectifs fixés. C’était difficile au début bien sûr mais ce film nous a permis de nous découvrir, repérer quelques failles afin d’offrir quelque chose de grand et le public de Mbujimayi par exemple avait tellement apprécié. C’est pourquoi je dis que ça été une réussite et un succès.
Intégrez-vous le numérique mais aussi l’écoconscience dans vos films ?
Le numérique occupe la place primordiale dans notre entreprise. Au début, nous produisions pour le marché local grâce au numérique nos films sont suivis à travers le monde.
Sûrement ! Nous sensibilisons sur l’environnement. Nous travaillons pour l’humanité, à quoi bon servirait la production des films si l’humanité est menacée de disparition.
Votre organisation bénéficie des subventions de l’État ?
Au début c’était toujours difficile, mais actuellement quelques petites portes nous sont ouvertes bien qu’insignifiant par rapport à nos objectifs. Nous n’avons pas des partenaires permanents nous vivons de nos propres contributions.
Quelles sont vos perspectives d’ici 5 ans ?
Tout d’abord c’est le Kasaï, actuellement nous réfléchissons à nous installer à travers le territoire national avec des filiales.
Réellement la population cible consomme-t-elle effectivement vos films?
Houe! C’est une question facile mais difficile à répondre. Localement, la population éprouve le désir de s’acheter ces films, ceci a été démontré dans beaucoup de nos grandes manifestations mais compte tenu des difficultés sociales, la population n’arrive pas à se procurer ces films, elle va d’abord privilégier le manger.
Propos recueillis par Marcel Tshibangu