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Que faut-il dire au peuple congolais, 64 ans après l’indépendance ?

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Au peuple congolais, je ne sais pas !
Mais mon message, peut-être que je peux l’adresser à la classe politique congolaise : « Le peuple congolais reste toujours un peuple qui aime son pays, un peuple qui a toujours barré la route à nos ennemis qui veulent balkaniser ce pays, le peuple congolais reste égal comme en 1960. Mais ici, je voudrais plutôt m’adresser à la classe politique, pas plus tard qu’avant hier, je crois que j’ai eu à discuter avec un de mes confrères où je disais que la classe politique d’hier, quand bien même qu’il y avait moins d’universitaires, mais je crois qu’ils avaient l’amour de ce pays. Et que pour l’intérêt commun, ils pouvaient tout enterrer pour ne voir que l’intérêt national.
La preuve est que quand ils sont partis à la table ronde et que Lumumba se trouvait en prison, un moment, toutes tendances confondues, ils se sont entendus pour que rien ne puisse se faire sans la présence de Lumumba.
Et par après, Lumumba était relâché, il les a rejoint.
Voilà ce qui nous manque aujourd’hui.
Que la classe politique congolaise mette de côté toutes les querelles et privilégie d’abord l’intérêt du Congo , on a qu’un seul pays, on a qu’une seule nation et on a qu’un seul territoire, qui est le territoire congolais ».

Que représente Lumumba pour vous qui êtes de la même province que lui, la Province du Sankuru ?

( Rires ) Voyez que je ris, pourquoi ?
Moi je n’aime pas trop parler de Lumumba, parceque Lumumba je l’ai connu à travers l’histoire; moi j’aime plutôt parler de M’zee (Laurent-Désiré Kabila).
Parceque, M’zee c’est un Lumumbiste, j’ai vécu avec M’zee, j’ai vu comment M’zee a travaillé.
C’est à travers M’zee que j’ai l’idée de Lumumba.
Et si je parle de M’zee aujourd’hui, je crois que c’est un phénomène comme Lumumba ( Il bouge la tête avec un peu de tristesse ).
Lui, tout comme Lumumba, il avait sa mission, il en a accompli et est parti.
Il y a beaucoup de gens qui pleurent Lumumba ; il y a beaucoup de gens qui pleurent M’zee mais je me dis, ces gens, ils avaient déjà compris leur mission, ils l’ont accompli et partis.
Ce sont des gens qui ne pouvaient profiter de tout ce qu’ils se sont battus pour leur pays.

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Qui était et que faisait Jean-Charles Okoto en 1960 ?

Oufff ! Vous savez, “ j’étais vraiment dans le berceau hein !
Je crois que j’avais 3 ans eeeeeh !
C’était la première fois que je me suis rendu chez nous au village.
Mon père fût militaire, c’est parmi les premiers sergents…, de l’armée congolaise à l’époque, comme les Mobutu, Tshatshi, le général Olenga et bien d’autres.
Mais la plupart d’entre eux sont déjà morts hein !
Et c’était la première fois, comme je suis le fils ainé de mon père, le premier petit-fils de mon grand-père, aussitôt qu’on m’a mis au monde et Papa, pendant ses congés en étant adjudant chef, on était obligé d’aller au village.
Et c’est le jour où nous sommes arrivés, deux jours après ( Sourires nostalgiques ), j’ai encore des souvenirs !
Et j’ai vu des mouvements des gens entrain de piller des magasins…
Eeeeh ! parceque mon grand-père fût un grand chef coutumier, je voyais même dans la cour, ses petits-fils, des gens qui ramenaient des assiettes qui venaient des couvents des soeurs (religieuses ), des draps…tout ce qu’on disait la messe…, entrain de crier : “Nous sommes libérés, nous sommes libérés !…”
Et voilà un peu les idées vagues que j’ai de cette époque là.
Mais quand j’ai grandi, j’ai étudié, je me suis dit que l’indépendance de la RDC ; est-ce que ce n’était pas vraiment précipité ?
Et quand je dresse l’inventaire, je crois qu’il est grand temps.
Ce qui est très important monsieur le journaliste, parceque j’ai suivi un peu les émissions, j’ai vu le Mali et le Burkina Faso…qui viennent de fabriquer des monnaies locales, hors nous les congolais, on avait déjà cette vision, on avait déjà notre Francs Congolais que les autres viennent d’emboîter les pas.
Maintenant il ne faudrait pas qu’on le regrette, maintenant c’est 1960 révolu.
Maintenant il y a une autre révolution africaine.
Vous avez vu la plupart de pays aujourd’hui viennent de casser leurs passerelles avec trop de pays occidentaux, qui ne viennent pas pour un marché de gagnant-gagnant mais plutôt avec un dialogue des sourds; un amour de cavalier ? Le cavalier doit toujours monter sur le cheval; quand est-ce que le cheval montera sur le cavalier ?
Et aujourd’hui je crois que c’est notre révolution africaine qui commence, où les gens veulent maintenant avoir leurs monnaies, où les gens veulent avoir une coopération adulte, c’est-à-dire gagnant-gagnant, non pas les gens qui viennent pleurer chez vous pour faire une coopération et ces mêmes gens viennent s’immiscer dans vos affaires, en même temps, ils vous donnent des leçons.
Il ne faudrait pas qu’on soit en retard, je crois que les intellectuels, les scientifiques, les politiciens congolais, le temps est arrivé de réfléchir comme les autres.

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Quel a été l’apport de la MIBA pendant 64 ans ?

Mais c’est difficile à pouvoir vous répondre à cette question, parceque je n’ai pas été là en 60 “1960” (Rires), et moins encore je n’ai pas fait 64 ans à la MIBA, mais si vous me posez la question dans le temps et dans l’espace, dans ce cas, je pourrais bien répondre.
J’ai été en 2000, jusqu’en 2002, aujourd’hui je ne reviens pas comme gestionnaire mais plutôt comme PCA ( Président du Conseil d’Administration), et bien, c’est de 2023 à 2024, sur cette période là, je pourrais vous fournir quelques éléments de réponse.
Mais une chose est vraie, il y a eu redressement, il y a un recul.
La MIBA était par terre pendant un moment.
À l’époque, en 2000, c’était pratiquement pendant la guerre, quand nous étions agressés par le RCD.
Eeeeh ! Malgré cette crise là, c’est l’une des raisons qui fait aujourd’hui que tout le monde dise que la MIBA avait contribué efficacement à l’économie de notre pays.
N’eût été les fonds de la MIBA, le pays serait balkanisé aujourd’hui ; et c’est parce que la Gecamines n’existait pas et il n’y avait aucune autre société qui était opérationnelle que la MIBA et fort malheureusement, c’est moi qui était à la tête de la MIBA.
Et donc, c’est avec moi, votre serviteur que nous avons conjugué les efforts pour barrer la route à la balkanisation.
Imaginez-vous, parcequ’aujourd’hui on parle de Bunagana et bien d’autres territoires occupés par les rebelles, dans l’Est de notre pays mais à l’époque, la guerre était arrivée à Mbuji-Mayi ( Il a haussé un peu le ton ), à quelques pas de Kabinda, au coeur du Congo ( RDC), et aujourd’hui les gens ont tout intérêt à venir parfois nous consulter pour savoir comment nous avons résisté ; comment nous avons repoussé le RCD qui était arrivé jusqu’au cœur de l’Afrique.
Donc, je vous avoue qu’après mon départ, ce que j’avais beaucoup regretté après 1 An, c’est le crash d’un avion (…), pour mauvaise utilisation; le vol des diamants était devenu monnaie courante; les gens entraient dans l’usine mais aussi il y a eu tellement des changements à la tête de la MIBA.
Après 22 ans aujourd’hui, je reviens mais je ne reconnais plus la MIBA, mais avec le Président de la République actuel (Félix Tshisekedi), comme il est le premier à nous pousser à travailler, à conjuguer des efforts pour relancer la MIBA, nous sommes à ce stade là, nous pensons que tout ira bien, parceque nous avons un nouveau Ministre du Portefeuille, un nouveau Ministre des Mines et celui des Finances, sont tous ensemble pour pouvoir respecter le mot d’ordre du chef de l’État et bientôt on aura des moyens.

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Quel message fort souhaiteriez-vous adresser au peuple congolais 64 ans après ?

Continuez toujours d’être courageux ; de continuer d’aimer le pays; de continuer de respecter les institutions du pays ; de ne plus écouter nos frères et collabos, à l’exemple de tous ceux qui ont trahi le pays, Où sont-ils aujourd’hui ? Où sont-ils aujourd’hui ? Posez-vous la question : Les Lunda Bululu, Wamba de Wamba…, pour ne citer que ceux-là, ils sont où aujourd’hui ?
Il faut qu’on arrête de trahir ce pays, comme M’zee le disait :« Ne jamais trahir le Congo », et Félix Tshisekedi également, notre Président nous dit : « Nous devons nous prendre en charge et de ne pas trahir le Congo ».
Ça c’est le mot qu’il faut, ça résume le tout.

Propos recueillis par Joseph Tshibanda

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